La profession féminine la plus ancienne du Japon
La culture des amas-1

La profession féminine la plus ancienne du Japon
La culture des amas

La pêche sous-marine pratiquée par les amas n’est observable qu’au Japon et dans une partie de la Corée du Sud tandis que les régions de Toba et de Shima abritent environ 750 amas, c’est-à-dire la moitié de ces plongeuses encore en activité au Japon.

Depuis des temps immémoriaux, la pêche sous-marine en apnée est pratiquée par les femmes au Japon qui transmettent la culture des amas à leurs filles qui la transmettent elles-mêmes à leurs filles et ainsi de suite. Contrairement à d’autres professions au Japon, les amas ne sont pas soumises à un âge légal de départ en retraite et nombreuses sont celles qui poursuivent leurs activités jusqu'à 70 voire 80 ans ou plus tandis que les femmes de Toba et de Shima débordent d’énergie.

La culture des amas

En 2019, la culture des amas à Toba et Shima a été inscrite au patrimoine japonais. La pêche sous-marine pratiquée par les amas en apnée à Toba et Shima s’est perpétuée au fil des générations. Cette forme de pêche est une activité de pêche traditionnelle que l’on retrouve au Japon et en Corée du Sud et nombreuses sont celles qui la pratiquent encore aujourd’hui.

A Toba et Shima, nombreux sont les sanctuaires et temples bouddhistes qui leur sont consacrés. Parmi eux, Ishigami-san (la pierre divine) dans l’enceinte du sanctuaire Shinmei dans la ville de Toba, est l’objet d’un culte en tant que lieu de prière des amas qui lui demandent pêche abondante et sécurité en mer. Depuis lors, il est devenu un site populaire parmi les femmes qui viennent de tout le Japon pour y prier car dit-on, il exaucerait un vœu s’il est formulé par une femme.

En outre, les fruits de mer comme les ormeaux ou les turbos, et même les algues ou les concombres de mer qui constituent les aliments emblématiques de la région, sont pour la plupart pêchés par les amas qui contribuent à soutenir la gastronomie locale.

L’histoire des amas

L’histoire des amas est ancienne, du matériel de pêche a été mis à jour dans des vestiges vieux d’environ 3 000 ans et il existe des passages désignant les amas sous le terme de « kazukimé » (femme plongeuse) dans des documents datant du 10ème siècle. C’est dans ce contexte que l’on peut affirmer que les amas sont les plus anciennes travailleuses du Japon.

Par ailleurs, la princesse du onzième empereur chargée du culte d’Amaterasu Omikami au sanctuaire Ise-jingu, se rendit un jour dans le quartier de Kunisaki dans la ville de Toba à la recherche d’aliments pour la déesse lorsqu’elle reçut des mains d’une ama prénommée O-ben, un ormeau qu’elle trouva si délicieux qu’elle décida de faire de ce lieu, celui des offrandes d’ormeau et aujourd’hui encore, on continue de faire offrande de « noshi-awabi » * (longues et fines tranches d'ormeau séché) au sanctuaire Ise-jingu.

En outre, la région d’Ise-Shima est également le berceau de la perliculture. Autrefois, les amas étaient un rouage important dans la perliculture. Elles plongeaient ramasser des huîtres perlières au fond de la mer qu’elles remettaient ensuit en place après y avoir introduit un nucléus. De plus, en cas de menace de marée rouge ou de typhon, elles plaçaient rapidement les huîtres à l’abri si bien que sans leur concours, jamais les perles de culture n’auraient pu connaître le succès qu’on leur connaît. Leur contribution à la perliculture est énorme.

* La culture du « noshi-awabi » se perpétue encore aujourd’hui au Japon, à l’occasion d’une célébration, en tant qu’élément de décoration « ori-noshi » sur les enveloppes à offrande.

Les amas aujourd’hui

Même les amas ayant la cinquantaine sont considérées comme des plongeuses encore jeunes. Les amas encore actives après 80 ans ne sont pas rares. Mais alors que l’on comptait 6 019 amas en 1949, elles étaient huit fois moins nombreuses en 2014 avec un effectif de 761 plongeuses encore en activité (Statistiques du musée municipal de la mer de Toba).

Parmi les questions que soulèvent l’âge et la population des amas, celles liées à leur vieillissement et à la pénurie de successeuses deviennent particulièrement problématiques. Même si les amas s’accordent à dire que leur travail est plaisant et que c’est la raison pour laquelle elles le perpétuent, elles avouent également ne pas pouvoir exiger de leurs filles ou petites-filles de leur succéder en raison de la dangerosité inhérente à leur profession.

En outre, en raison de la raréfaction des ressources maritimes, les amas sont soumises à de sévères restrictions visant à protéger ces ressources. Elles ne peuvent, par exemple, ramasser d’ormeaux dont la taille est inférieure à 10,6cm et sont soumises à un nombre limité de jours et d’heures de pêche.

Les amas s’investissement également de plus en plus dans le tourisme et les « ama-koya » (baraques à amas) sont des attractions de plus en plus prisées des touristes.

Rapport au tourisme

Ces dernières années, leur visibilité a tendance à augmenter et les amas de Toba et Shima s’investissent de plus en plus dans le secteur du tourisme. Parmi leurs démarches les plus emblématiques, on peut citer l’expérience d’un « ama-koya ». A la base, un ama-koya est une baraque dans laquelle les amas venaient faire une pause en se réchauffant auprès d’un feu de bois après une sortie en mer. Dans un ama-koya, des amas en activité ou à la retraite servent aux voyageurs des fruits de mer qui font la fierté d’Ise-Shima. Le repas est une occasion précieuse de passer un moment avec les amas qui ne manqueront pas de vous raconter leur histoire ou des anecdotes.

Par ailleurs, vous pouvez également assister à des séances de pêche effectuées par des amas depuis un bateau ou participer à des simulations de plongée en compagnie d’amas professionnelles.

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